Tuesday, June 23, 2009

L'Albatros

Souvent, pour s'amuser, les hommes d'équipage
Prennent des albatros, vastes oiseaux de mers
Qui suivent, indolent compagnons de voyage,
Le navire glissant sur les gouffres amers.

A peine les ont-ils déposés sur les planches
Que ces rois de l'azur, maladroits et honteux,
Laissent pitieusement leurs grandes ailes blanches
Comme des avirons, traîner à côté d'eux

Ce voyageur ailé, comme il est gauche et veule!
Lui, naguère si beau, qu'il est comique et laid!
L'un agace son bec avec un brûle-gueule,
L'autre mime, en boitant, l'infirme qui volait!

Le Poëte est semblable au prince des nuées
Qui hante la tempête et se rit de l'archer;
Exilé sur le sol, au milieu des huées,
Ses ailes du géant l'empêchent de marcher.

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